Avant de recouvrir de décors les voies en arrière plan il est indispensable de poser les rails de la gare cachée. L'opération deviendrait impossible ensuite. Depuis la réalisation du plan de mon réseau plusieurs années se sont écoulées. L'idée d'une gare cachée ne m'étais pas venue immédiatement à l'esprit. C'était une notion que l'on rencontrait rarement autrefois sur les réseaux miniatures : on cherchait à montrer tout le matériel roulant et non pas à le cacher ! La lecture des revues de modélisme m'a fait prendre conscience de l'intérêt d'une telle gare. La plupart des réseaux possèdent à présent des coulissent pouvant avoir différentes fonctions. Pour des réseaux linéaires elles sont pratiquement obligatoires afin de permettre de faire revenir les trains dans la zone visible. Les coulisses présentant plusieurs voies de garage permettent de ranger des rames afin de libérer les voies principale du réseau. C'est ce qui m'intéresse dans mon cas.
Le temps passant, j'ai acquis pas mal de matériel moteur et remorqué. Tout ne peut pas trouver place dans les gares de Clérieux et Villard d'Avers. La gare cachée va permettre de ranger des rames entières, éventuellement avec la machine. C'est mieux que de ranger dans des boîtes, le matériel étant directement disponible pour l'exploitation.
Au moment de réaliser cette gare ces jours-ci, je me suis rendu compte d'une faute de conception, faute d’avoir bien analyser les besoins. Initialement j'avais prévu une aiguille donnant accès à un faisceau de voies (voir le plan du réseau). Dans le sens normal de circulation des trains, cette aiguille est prise en talon, ce qui n'est pas anormal en soit mais oblige à une manœuvre pour ranger une rame en gare cachée. Le problème est que cette manœuvre ne peut pas se faire de manière cachée : le train doit sortir partiellement du tunnel et changer de sens pour se ranger. Ce n'est pas très satisfaisant pour le spectacle. Aussi j'ai décidé d'installer aussi un accès au faisceau de voies par l'autres extrémité, ce qui permettra de venir directement ranger une rame sans manœuvre. Cette modification du plan nécessite l'installation d'une aiguille supplémentaire qui m'a causé quelques soucis.
L'aiguille doit être une aiguille enroulée compte tenue de l'emplacement où elle se trouve. Tout mon réseau est en voie Peco code 75. Même si ma courbes est relativement large, dans cette marque les aiguilles enroulées présentent un rayon de courbure trop grand pour mon cas. Je me suis décidé à chercher dans une autre marque. Chez Tillig, j'ai trouvé un modèle d'aiguille enroulée avec des rayons de courbure correspondant à mes besoins.
Première difficulté, c'est du code 83. La différence de hauteur des rails est donc de 8 millièmes de pouce soit 8*25,54/1000 = 0,2 mm. Ce n'est pas bien difficile d'ajuster le rail pour récupérer cette différence de 2 dixièmes. Il suffit de limer le patin du rail à l'extrémité en prenant régulièrement la côte au pied à coulisse jusqu'à l'obtention de la hauteur exacte. Une éclisse Peco en maillechort est ensuite soudée sur le rail Tillig du côté extérieur afin de bien la solidariser, car la largeur du patin est plus faible chez Tillig que chez Peco et elle l'emboîtement est trop mou. Je n'ai pas rencontré de problème pour cette transformation.
Je suis par contre tombé sur une autres difficultés. La géométrie des aiguilles Tillig n'est pas aussi stable que chez Peco. Une certaine souplesse existe permettant de modifier légèrement la courbure, dans une petite mesure. Cela semble être conçu à dessein. Toutefois je constate qu'un wagon à essieu équipé de roues avec des normes fines déraille systématiquement sur le cœur de cette aiguille. Fort heureusement je m'en rend compte avant l'installation. Une vérification au pied à coulisse met en évidence un tout petit défaut dans la cote de largeur qui est un peu faible au niveau du cœur. Le contre-rail quant à lui est en plastique assez mou et je constate qu'il ne guide pas très correctement les roues, ce qui contribue au problème. Comme il est monté comme les rails principaux, il est facile de le retirer en le faisant glisser de ses pattes de fixation et de le remplacer par un morceau de profiler de rail Peco auquel je peu donner une forme mieux adaptée. Du côté du cœur, je redonne un peu d'espace en dessoudant les deux morceaux de rail biseautés du talon et en les faisant glisser très légèrement pour que la pointe avance moins. Quelques dixièmes seulement. Je les ai ensuite ressoudés à l'étain par le dessous. Après cette transformation, tout mon matériel passe sans problème.
Encore une difficulté m’attendais, non des moindres ! Le système Tillig est basé au niveau fonctionnement sur des lames d'aiguilles non articulées mais qui se déplacent par leur souplesse. À cette fin, la base du rail est supprimé à l'endroit où la flexion est souhaitée. Le problème est que l'effet de ressort des lames exige un moteur d'aiguille plus fort que ce que peut donner mon moteur à fàm. Ne souhaitant pas utiliser un autre type de moteur je me suis résolu à radicalement modifier mon aiguille Tillig pour qu'elle fonctionne comme les aiguilles Peco ! J'ai coupé les lames mobiles (il faut oser !) et je les ai remonté sur un pivot de Ø 0,5 mm ce qui donne une rotation possible avec un effort minimum. Bien sûr l'esthétique des aiguilles Tillig est splendide de finesse, plus proche et plus conforme aussi à la réalité. Mes transformations n’ont pas arrangé l’esthétique ! Cependant dans mon cas, l'aiguille étant cachée, cet argument n'avait pas à être pris en compte, ce qui m'a encourager à réaliser la transformation.
Au final après toutes ces transformations, l'aiguille fonctionne très bien et va pouvoir assurer l'entrée en gare cachée.