Je dispose de plusieurs petits moteurs de récupération en différentes tailles. Afin d’en tirer le maximum je les commande à l’aide de la carte que j’ai réalisé pour piloter l’éolienne. Cette carte comporte le module Pololu DRV8834 (carte blanche sur la photo ci-dessus) qui permet le contrôle de la valeur du courant dans les bobines du moteur ainsi que les modes de fonctionnement en micro-pas jusqu’à 32 micro-pas. Ces petits moteurs comportent 20 pas matériels ce qui donne en tout 640 micro-pas sur un tour. L’intérêt pour moi est d’obtenir une rotation fluide sans que les pas soient trop visibles.

Le circuit imprimé a de son côté nécessité une étude théorique pour évaluer la place qu’il prend. Sur le schéma il se présente avec une certaine épaisseur car j’envisage d’utiliser les cartes Pololu comme celle utilisée pour la carte du passage à niveau ou la carte de l’éolienne.

Il faut aussi de la place en épaisseur pour placer des condensateurs électrochimiques assez gros. Cette étude a pu être menée à bien rapidement avec le logiciel Canari que j’ai déjà cité à plusieurs reprises (écrit par mon ami Pierre et tournant uniquement sur Macintosh). Voici comment se présente le projet de carte montrant que je peux tout faire tenir sur une surface de 80 mm x 30 mm.

La carte porte 5 cartes Pololu DRV8834 permettant un pilotage efficace des moteurs pas-à-pas. Elles permettent une rotation lente et régulière des moteurs par un contrôle du courant dans les bobines. Elles peuvent délivrer des courants assez important. Elles reçoivent les ordres d’un PIC 26K80 en version cms (la plus petite) pour ne pas augmenter trop l’épaisseur et la surface. Les gros condensateurs de 100µF sont mis à plat sous les cartes Pololu.

La carte est alimenté par la tension de 9V disponible en permanence sur les rails de la voie spéciale. Cette tension de 9 V est modulée par des signaux en tout ou rien donnant des informations en provenance du bus CAN. La carte va filtrer la tension de 9V et produire du 5V pour son alimentation et aussi récupérer les codes CAN pour envoyer sur l’entrée Rx du PIC. C’est un peu l’équivalent du système DCC en version maison. Il faudra bien sûr une carte à poste fixe pour envoyer cette tension codée sur les rails. C’est sans difficulté particulière et cette carte peut avoir toute la place qu’elle veut !


Placement des moteurs


Il faut bien sûr aussi examiner les possibilités pour mettre en place les moteurs. À cette fin, des schémas grandeur nature ont été réaliser pour simuler. Il n’y a pas beaucoup de solutions alternatives ! Les schémas suivants montre qu’il est possible de placer 3 moteurs dans la cabine en conservant le lest qui est indispensable. Par contre les aménagements de cabine proposés par LMJ et simulant les treuils d’enroulement ne pourront pas trouver place. Les petits moteurs vont les remplacer.

L’une des difficultés dans ce projet est l’incertitude qui règne sur de nombreux points susceptibles de tout remettre en cause si ils n’aboutissent pas. Par ailleurs on ne peut pas non plus engager des essais trop poussés dans chaque direction à cause du temps que cela peut prendre et aussi parfois du coût. Ainsi je n’engage pas la construction de la carte avant d’avoir examiné de près d’autres aspects comme le placement des moteurs qu’il est assez facile de simuler.

Il semble difficile de placer le moteur de rotation de la flèche dans la cabine. Je garde cependant en réserve l’idée de le mettre directement sur le pivot de la cabine, verticalement sous le moteur de relevage de la flèche comme sur le schéma ci-dessus. Un engrenage est possible mais obligerait à utiliser une couronne dentée intérieurement.

Si cette solution s’avère impossible, on peut chercher à placer le moteur entre les bogies comme sur le schéma ci-dessous. Un moteur de 8 mm ne passe pas entre les boggies. Un moteur de 6 mm est envisageable mais il serait malgré tout un peu visible sous le châssis. On peut le placer du côté caché aux spectateurs. Un placement dans l’axe du châssis est également à examiner. Le moteur passe alors entres les roues d’un bogie. C’est sans doute possible car la grue reste sur une voie quasi-rectiligne et les bogies n’ont à pivoter que très légèrement.

Les tests sur le couple des moteurs


Un point important à vérifier est le couple que l’on peut espérer tirer des différents moteurs. Les photos qui suivent décrivent ces essais.

La mesure des couples donnés par les différents moteurs a été réalisée par ce petit montage. Le moteur est fixé dans un petit étau et son axe enroule un fil fin portant une charge que je peux facilement régler. Les écrous constituant la charge sont pesés sur une petite balance précise au gramme près.

Vue sur le moteur avec un manchon formé d’un tube de laiton pour faire un mini treuil.


Toutes les mesures sont réalisées avec un treuil de Ø 2,5 mm soulevant une charge que je pèse sur la balance (au gramme près). La carte Pololu est réglée sur un courant calibré grâce au potentiomètre de la carte.


Moteur de ø6 mm (achetés pour l’éolienne) bobine 30Ω.:  courant par bobine 115 mA (pas trop prologé). Avec ce courant on soulève 8g.

Moteur de ø10 mm bobine 8Ω (récupération) : courant par bobine  105 mA. On soulève 36g.

Moteur de ø10 mm bobine 98Ω (récupération) : courant par bobine  78 mA. On soulève 51g.

Ces mesures sont rassurantes car une première estimation indique une masse de 1 g pour la benne et de 10 g pour la flèche. Or l’une comme l’autre sont actionnée par un système de palan qui multiplie encore la force. Les moteurs devraient donc a priori avoir un couple suffisant.


D’autres mesures devront être réalisées avec les moteurs définitifs commandés sur AliExpress car la résistance des bobines a une certaine influence sur les couple.


Pour le moteur assurant la traction sur les rails je souhaitais faire une expérimentation directe pour vérifier la faisabilité à la fois de la force du moteur et prenant en compte tous les frottements. Ici une liaison par engrenage avec vis sans fin s’impose pour faire tourner l’essieu. Pour mettre le pignon sur l’axe, la roue isolée a été retirée.

Le pignon est collé sur l’axe avec un manchon d’adaptation en laiton.

Afin de faire la place à ce mécanisme le wagon Roco a été découpé. L’attelage à élongation est supprimé et un évidemment est pratiqué pour faire place à la vis sans fin.

La plaque en tôle servant de lest a été retirée car elle n’est plus vraiment utile vu l’équipement qui va être rangé dans le wagon. On voit sur la photo qu’en séparant le châssis de la caisse, j’ai malencontreusement brisé une petite patte qui les réunit. Le plastique de la caisse est assez fragile. Ce n’est pas très grave je réaliserai une fixation des deux pièces d’une autre manière.

Une fois enfilé le pignon avec son manchon sur l’essieu, je remet la roue en place. N’ayant pas de Puller (outil bien connu des modélistes) j’utilise simplement mon petit étau. J’ai bien sur intercalé des pièces métalliques (écrous) afin que l’effort porte bien à plat sur le flan des roues et non pas sur les pointes de l’essieu. Bien placer le tout perpendiculaire aux mâchoires pour que la roue reprenne doucement sa place sans voile.

L’ensemble est prêt pour l’installation sur le wagon. La vis sans fin et son pignon ont été récupéré sur le lecteur de DVD où se trouvait le moteur pas-à-pas.

Un trou de 5 mm est pratiqué dans le fond du wagon pour recevoir le moteur.

Le moteur de 10 mm trouve sa place sans difficulté.

Le moteur est en place mais son axe est très court.

Je réalise une allonge de l’axe avec une tige d’acier et un manchon pour associer les deux.

Les essais avec ce montage sont négatifs. La rallonge induit un faux rond difficile à éviter d’autant plus qu’on allonge l’axe portant la vis sans fin. Au final l’engrènement ne se fait pas de manière correcte et les frottements empêchent un mouvement fiable et régulier.

Je décide de placer le moteur plus bas de manière à amener la vis sans fin en contact avec le pignon sans allonger l’arbre du moteur. Cela passe par une ouverture plus grande pour faire passer le moteur qui sera fixé sous la caisse.

De petits trous sont percé avec un mandrin tenu à la main pour fixer par vis le moteur.

Et voilà le moteur fixé plus bas avec sa vis sans fin. La plaque en aluminium de 1,5 mm permet d’obtenir le bon réglage.

Le châssis replacé, voici comment se présente l’ensemble. Cette fois l’engrènement est parfait et la rotation se fait en douceur. La vis sans fin s’avère posséder 3 filets et le pignon 20 dents ce qui divise la vitesse de rotation du moteur par 20/3. Le gros avantage des moteurs pas-à-pas dans cet usage est que la vitesse peut être réglée avec toute la précision voulue juste en modifiant le programme de pilotage ce qui ne change rien au niveau mécanique.

Le mécanisme de l’attelage à élongation devra être déposé.

Une fois l’attelage retiré, le châssis a été largement usiné avec la fraiseuse pour faire place au moteur.

Le moteur dans le tombereau laisse de la place pour un lest éventuel au dessus de l’essieu si l’adhérence n’est pas suffisante. Tout le reste du wagon sera occupé par la carte électronique.

Le montage tel qu’on le voit a permis d’essayer le wagon motorisé sur un tronçon de voie. Il arrive à tirer ou pousser une charge de 200g portée sur un autre wagon tombereau avec un courant de 100mA par bobine. J’évalue par pesée des planches de laiton non montée le poids total de la grue à 110 g environ. Donc en principe le couple du moteur est suffisant


Conclusion


Ce projet est complexe et certains points, s’ils viennent à échouer, son aptes à tout remettre en cause quant aux objectifs où aux grandes lignes de la réalisation.

Je ne compte pas finaliser très vite ce travail car il est bon de laisser mûrir. Le temps que j’ai déjà consacré n’est pas négligeable mais c’est un travail intéressant. Certains points n’ont pas encore été abordés car d’une importance moindre :

— lorsque l’on coupe le courant général du réseau, la benne de la grue et surtout la flèche ne vont-t-elle pas descendre sous leur propre poids ? En effet dans cette situation les moteurs pas-à-pas ne sont plus alimentés donc quasiment libre de tourner. Ce n’est pas le cas lorsque le réseau est sous tension car alors les moteurs sont bloqués en position par les bobines qui restent alimentées.

— l’impact des faux contact sur la voie n’est pas bien évalué. Il faut que la transmission des messages soit redondante. Mais cela n’est sans doute pas suffisant. Une coupure dans l’alimentation de la carte va réinitialiser le programme. Il faudra que le nouvel état initial soit bien défini. Pour éviter au maximum les problèmes, je ferai en sorte que toutes les roues prennent le courant sur les rails (wagon + grue) ce qui donne 6 roues par rail. Je peux aussi ajouter à la carte une super capacité pour maintenir la tension des circuits logiques.

— la rotation de la flèche pourra-elle se faire avec un moteur de 6 mm seulement ?

— le passage des fils entre le wagon et la grue sera à étudier (Il y en a 18). De même pour les fils allant dans la cabine (il y en a 12 ou 16).


Cette étude préalable m’encourage à continuer dans quelques temps les investigations. L’assemblage du kit LMJ est sans doute l’une des prochaines étapes pour voir en vrai comment installer les moteurs et progresser sur le plan mécanique. Je reviendrai sur le sujet dans de nouveaux articles si des éléments nouveaux apparaissent. Dans le pire des cas (abandon de la motorisation de la grue) j’aurai consommé un peu de temps à cette étude mais je n’en aurai pas vraiment perdu car elle m’a fait progresser dans l’utilisation des moteurs pas-à-pas.

Organisation générale de la motorisation


L’étude préliminaire aboutit à un schéma général comme suit :

La carte fixe va être classiquement reliée au bus CAN du réseau gérant tous les accessoires. Un PIC va traiter les différents signaux et les réexpédier vers la voie de la grue par le biais d’un hacheur commandé par les signaux CAN. Entre cette carte et la grue il n’y a que des envois de signaux CAN, pas de réception. La grue n’émet aucun signaux, ceci dans un but de simplification du système. Il n’y a donc pas d’accusé de réception d’un message. Pour éviter que les défauts de transmission ne perturbent le fonctionnement, le programme d’émission enverra des signaux redondants (envoi d’un ordre de manière répétitive tant que l’état reste le même). Le schéma général suivant indique le principe d’organisation.

Le hacheur est conçu selon le même schéma que les cartes de canton qui délivre le courant aux motrices. En voici le détail :

Au niveau de la carte embarquée le décodage se réalise facilement. On récupère au niveau de la zéner un signal TTL correspondant aux messages CAN à transmettre au PIC de la carte. Le 9 V une fois filtré donne l’alimentation des moteurs et aussi de la carte.