C'est étrange comme on peut trouver du plaisir dans de menues choses lorsqu'on est enfant. Je venais d'avoir 10 ans, nous étions en 1960 ou 1961. Il fallait avoir une pièce de 1 F, pas 1 franc de l'époque mais un franc ancien. Le pays venait de passer aux nouveaux francs et de temps à autre nous trouvions une pièce ancienne oubliée au fond d'un tiroir. Lorsque cela arrivait, ma copine Annie et moi c'était comme si nous avions trouvé un trésor. Nous transformions notre pièce en médaille ! Le plaisir était plus spécialement dans la fabrication que dans le résultat. Le principe était aussi simple que spectaculaire. On allait au passage à niveau et l'on posait la pièce sur le rail. Il n'y avait plus qu'à attendre la passage du train. Cela ne faisait pas un pli la pièce en aluminium était aplatie comme une galette ! Parfois après le passage des roues de la locomotive, elle étaient chassée du rail et tombait sur le ballast mais parfois aussi toutes les roues des voitures lui passait dessus pour notre plus grande joie. Le résultat était ce que nous appelions une médaille. Il restait à percer un trou avec un coup de pointeau frappé au marteau et passer la médaille sur un fil pour porter cet original bijou autour du cou. Parfois la chance nous faisait trouver une pièce de 2 F, en aluminium elle aussi. Un peu plus grandes, ces pièces nous donnaient des médailles somptueuses ! J'aimais mieux les pièces de la république à l'effigie de Marianne plutôt que celles datant de l'occupation avec la francisque. Ces dernières faisaient moins médaille une fois aplatie ! Je n'ai malheureusement pas gardé une seule de ces médailles. Comme quoi une passion d'enfant peut parfois être éphémère.