Ce n'est pas toujours évident d'obtenir la couleur que l'on désire reproduire en peinture. On procède le plus souvent à tâtons en ajoutant au mélange en préparation un peu plus de cette teinte ou un peu plus de telle autre.
Par ce procédé on peut finir par aboutir à quelque chose de satisfaisant mais il y a plusieurs inconvénients à cette méthode. D'abord, à moins de noter exactement ce que l’on fait, l'opération n'est guère reproductible et l'on devra tâtonner à nouveau si on souhaite obtenir la même teinte. Ce qui ne sera jamais le cas à moins d'avoir une très grande habitude des mélanges de couleurs.
Un autre problème est qu'on contrôle très mal la quantité de mélange obtenu car, à force d'ajouter, on finit parfois par obtenir dix fois plus de peinture que ce dont on a besoin, surtout si l'on est parti avec des proportions très loin de l'objectif à atteindre.
J'utilise depuis peu une méthode qui m'aide à mieux cibler la teinte de façon systématique. J'utilise pour cela l'ordinateur. Avec un outil quelconque permettant de choisir une couleur parmi les millions de couleurs disponibles sur l'écran, je détermine la couleur qui me convient. Cela revient à essayer virtuellement le mélange. Dans beaucoup de cas au lieu de procéder à nouveau en aveugle, on peut chercher la couleur directement sur une image représentant l'objet à reproduire. Ainsi pour déterminer la couleur d'une route asphaltée, je cherche d'abord la photo d'une vraie route qui correspond à mes attentes. C'est facile avec l'internet. Ensuite l’outil de choix des couleurs du système me permet de copier cette couleur dans ma palette avec un outil genre pipette. À partir de là j'ai toutes les informations sur la composition de cette teinte.
Par défaut en général, l'outil informatique va nous donner les composantes rouge, vert, bleu (RVB) dans le mode additif qui est celui utilisé par les écrans. Ce mode se nomme additif car on part d’un fond noir et toutes les teintes s’obtiennent par ajout de points lumineux rouges, verts ou bleus sur l’écran. En peinture comme en imprimerie on utilise le mode soustractif. On part d'un fond blanc qui contient toutes les couleurs du spectre superposées (si ce fond est éclairé en lumière blanche !) et l'on supprime des couleurs en recouvrant le papier d'encre ou de peinture. L’imprimerie utilise les trois teintes primaires cyan, magenta, jaune. Le noir s’obtient en théorie en superposant ces trois teintes mais en pratique afin d’avoir un noir profond on préfère ajouter une quatrième encre qui est le noir (Système CMJN) et aussi pour obtenir des textes net et lisibles ce qui ne serait pas le cas par superposition des trois primaires. En imprimerie les couleurs primaires sont toujours saturées, le blanc provenant du papier, l’encre ne recouvrant pas toute la surface grâce au tramage. En peinture comme on recouvre tout le support, il faudra ajouter du blanc pour dé-saturer les couleurs de base.
La suite en image montre comment procéder concrètement. La technique présentée ici est réalisée avec un Macintosh. Il est possible de l’adapter au système Windows, l’essentiel étant de trouver l’équivalent de la palette des couleurs sous ce système.
Limites de la méthode
Malgré une apparence rigoureuse les systèmes de représentation des couleurs ne correspondent pas à des modèles physiques exacts. Que ce soit le système RVB ou le système CMJN, on utilise la physiologie de la vision humaine pour obtenir les moins mauvais résultats possibles. il y a beaucoup de pragmatisme dans les systèmes de restitution des couleurs. Pour s’en convaincre il suffit de comprendre qu’en réalité la lumière solaire est composée d’un ensemble quasi-continu de longueurs d’ondes et qu’on recrée toutes les nuances sur les écrans en utilisant seulement trois radiations rouge, vert et bleu ! Cela étant l’œil humain n’étant pas capable de capter toute la subtilité de la lumière naturelle, les résultats sont plutôt satisfaisant. On ne se plaint pas trop de la qualité des photos en couleurs affichées sur nos écrans !
Il ne faut pas s’étonner que selon le modèle de couleur choisi, on puisse obtenir des résultats sensiblement différents après des conversions successives. Le système RVB permet d’ailleurs d’offrir une palette plus riche que le système CMJN (certaines teinte RVB ne peuvent pas être rendues correctement en CMJN). Il n’y a pas correspondance bi-univoque entre les diverses représentations.
La technique que je propose ici a donc ses limites et ne peut pas prétendre correspondre à une démarche scientifique parfaite. Elle peut cependant rendre des services car il est très difficile à la vue d’une couleur que l’on observe de savoir quelles peintures et en quelles proportions donneront un résultat acceptable.
Une autre difficulté de la méthode est de mesurer des quantités de peinture de petit volume, ce qui correspond souvent à nos besoins de modélisme. On sera amené à travailler là aussi avec une certaine approximation en utilisant comme unité de mesure la goutte qui risque de nous donner au final dans bien des cas des quantités encore trop grandes pour nos besoins ! La méthode est plus facile à mettre en œuvre pour des quantités de peinture plus grandes.
Enfin, la méthode décrite ici se base sur l’emploi des couleurs primaires cyan, magenta, jaune, celles utilisées en imprimerie. Je ne parle pas du blanc et du noir toujours disponibles dans les gammes de peintures mais il n’en est pas de même pour les couleurs primaires. On trouve évidemment facilement des encres aux couleurs primaires, ce n’est pas toujours le cas pour les peintures. En général, pour un fabricant donné, il faudra les fabriquer soi-même par mélange avec les couleurs dont on dispose. Le cyan par exemple peut s’obtenir en éclaircissant un bleu avec du blanc. Un premier travail d’étalonnage va donc consister à déterminer la moins mauvaise composition possible de chacune des 3 primaires. On peut à partir de là se faire une réserve de primaires dans des flacons ou bien établir les nouvelles formules correspondant aux teintes bleu, rouge et jaune dont on dispose, ce qui revient à travailler avec d’autres couleurs primaires que celles habituelles. Tout cela introduit bien sûr une imprécision dans les résultats. On pourra consulter éventuellement l’avis d’un professeur de peinture ici.
La marque Aerocolor propose des couleurs acryliques intéressantes disponibles sous divers conditionnement, gamme dans laquelle figurent les trois primaires.