Titre les Trains du tertre
C05 — Le viaduc des Roussières
samedi 18 juillet 2020
Le viaduc des Roussières sur la commune de Clérieux permet à la voie d'enjamber une autre voie ferrée à sa sortie du tunnel. il offre aussi le passage à la route sous l'une de ses arches. Ce viaduc a la particularité d'être en pierre de taille comme celui de Chanteloup et de posséder une travée constitué d'un pont-poutre en treillis métallique. La construction de la partie métallique a fait l'objet de deux articles récents. Nous prtésentons ici la construction en images de la partie en maçonnerie. Elle est très similaire à la méthode utilisé pour le viaduc de Chanteloup. La grande différence est que j'ai utilisé du carton épais pour réaliser la structure au lieu de contreplaqué mince. Ce dernier m'a donné satisfaction mais j'ai jugé le carton d'une solidité suffisante pour la réalisation. Par ailleurs j'y gagne en facilité de travail, le carton se coupant simplement au cutter.
Tout commence, comme il se doit, par la réalisation de plans détaillés. Je disposais depuis longtemps du plan de masse donnant les dimensions du viaduc, indépendamment de sa fabrication. Afin de ne pas tâtonner et surtout faire des erreurs lors de la fabrication, j'ai tracé les plans de chaque pièce avec leurs cotes. Il y a principalement deux catégories de pièces : celles en carton constituant l'infrastructure et celles en Dépron de 3 mm pour imiter les pierres. Le carton fait 1,5 mm d'étpaisseur. Les plans prennent en compte les épaisseurs des matériaux de manière à ce que les dimensions finales correspondent bien à celle du viaduc. Il faut en particulier bien veiller à ce que la hauteur totale soit bonne car la voie existe déjà et il n'est pas question de changer son altitude !
La technique de découpe est simple avec un règlet et un cutter. Ici je place en butté le réglet contre la lame du cutter placée elle-même contre le bord du carton. Ainsi l'extrémité de la règle est parfaitement alignée avec le bord du carton.
Je marque ensuite le carton avecla lame pour définir une longueur avec précision depuis le bout du réglet qui coïncide avec le bord du carton. Il faut se placer bien dans l'axe pour éviter toute erreur de paralaxe.
Une fois les marques réalisées, le réglet est placé en alignement, tenu fermement et la lame coupe le carton en glissant contre lui. Je ne fait pas de traçé au crayon, uniquement à la lame ce qui est plus précis. Je ne fais pas non plus de prise de dimensions à l'aide du bout du réglet. Les marquages sont uniquement réalisés au droit d'une graduation, le bout d'une règle est moins bien défini et donne des résultats moins précis qu'un trait de gravure. C'est la raison pour laquelle l'ancien mètre étalon (celui de Breteuil en platine irridié) est une règle métallique plus longue que le mètre avec deux traits gravés dessus distants d'un mètre.
Sur du carton épais, la coupe ne peut pas se faire en une passe. Il faut passer la lame en plusieurs fois. Ici trois passages suffisent, mais cela dépend du matériau. Les derniers passages peuvent, si l'on veux, être réalisés sans le guide en suivant le trait déjà marqué en étant prudent pour ne pas le quitter.
La pièce se sépare sans problème. On travaille bien sûr sur un support adapté (tapis de découpe) à la fois raide et n'abîmant pas la lame. Il m'arrive d'utiliser aussi de vieux calendriers épais, mais ils ne sont pas auto-cicatrisants.
Pour l'assemblage j'utilise de la colle d'écolier (Scotch sans solvant. À gauche l'ensemble est placé sous presse le temps du séchage. Pour simplifié le maintien pendant le séchage j'ai utilisé une autre technique plus simple. Je pointe les pièces ensemble par une petite goutte de cyanolite. Le séchage est quasi instantané mais pas assez solide. Il me reste à conslider par un collage classique à la colle ordinaire avec des cornières de papier dans chaque angle. J'évite ainsi le travail délicat et long consistant à placer les serre-joints avec les pièces bien positionnées.
Un des piliers du viaduc en cours de collage. On a réalisé un pointage léger à la cyanolite. Une cornière en papier est prête.
Collage à la colle Scotch des cornières en papier pour renforcer. La baguette de bois me sert ici à bien plaquer la cornière à l'intérieur sur les deux faces en carton.
Rapidement toutes les piles du viaduc sont réalisées.
Les arches sont découpé à l'aide d'un compas de découpe. Il faut faire plusieurs passage dans du carton épais.
Je réalise 2 arches en une seule fois en coupant ensuite la pièce selon un diamètre.
Présentation des arches sur les piles afin de vérifier qu'il n'y a pas d'erreur grossière.
Les 6 arches sont découpées et assemblées.
Une présentation globale est réalisée pour vérification.
La voute des arches est construite sur un demi-cylindre découpé dans un tube PVC Ø 80 mm. J'avais déjà utilisé cette technique pour le premier viaduc dont les voutes on le même diamètre.
Le viaduc va être assemblé et collé sur une plate-forme située au niveau le plus bas du réseau, c'est-à-dire sur la superstructure située 10 cm sous les voies les plus basses. Il faut pour cela tracer un arc de cercle de rayon 1500 mm correspondant à celui de la voie dans cette zone. Je ressors mon compas géant formé d'une règle en bois articulé à une extrémité sur une vis et à l'autre portant une pièce recevant le crayon. Cette pièce peut facilement être vissée en différents points de la règle selon le rayon souhaité. L'articulation est fixée à une planchette que je tiens fixe par un serre-joint sur l'établi, le tracé se faisant sur une autre table sensiblement à la même hauteur.
Très régulièrement je fais des présentations sans collage pour vérifier que tout va bien. Et puis cela est bon pour le moral car il faut de la patience avant de voir le résultat final !
Le revêtement en pierres du viadic nécessite une surface importante de parement. Il ne m'en restait pas assez, j'ai donc entrepris la fabrication nécessaire en ressortant mes outils à graver les pierres. L'outil ci-contre permet de graver les joints horizontaux. Les picots recourbés laisse une empreinte si l'on tire la cornière en appuyant fermement sur le Dépron. Afin que les lignes soient bien droites, on appuie la cornière contre la règle en bois fermement tenue par un serre-joint. Une bande avec des lignes parallèle est ainsi rapidement obtenue.
Les lignes verticales sont obtenues par estampage avec un outil spécialement fabriqué à cette fin. Il est fixé dans un bâti en Meccano permettant une gravure facile. À chaque manœuvre, deux lignes verticales de joints sont gravées d'un coup, en décalage l'une par rapport à l'autre. J'avance le Dépron manuellement d'une quantité correrspondant à la taille des pierres évaluée à l'œil. Pour plus de détails on pourra lire cet article et celui-ci. Voir aussi l'article sur le premier viaduc.
J'ai doté la machine d'un guide avec un réglage fin par vis afin de caler la feuille en largeur de façon précise pour que les lignes de joints verticales tombent bien entre les horizontales.
Le travail de céoupe du Dépron pour recouvrir la structure se réalise selon les mêmes techniques que la découpe du carton : pas de tracé au crayon ou autres marqueurs, de petits repères sont réalisés avec la lame de façon précise. Il est indispensable d'avoir une lame en très bon état pour couper le Dépron. La découpe du carton ou du papier émousse les lames assez vite à cause de la colle qu'ils renferment. J'ai préféré utiliser une lame neuve lors du tavail du Dépron pour éviter de faire des déchirures et obtenir une coupe bien nette.

dans un premier temps les piles sont recouvertes avant de poser les arches.
Les arches sont collées sur les piliers. Le temps du séchage, des lingots de plomb pressent l'ensemble.
La totalité des arches est recouverte d'un feuille de pierres. Les arcs de cercle sont ensuite découpés au cutter en s'appuyant sur l'arc en carton.
Petite présentation pour vérification et se donner du courage ! Tout va bien !
Les pierres d'angles sont réalisées en papier Canson découpé au Craft Robot, comme pour le premier viaduc. Pour bien plaquer les cornières d'angle pendant le séchage de la colle, j'utilise des morceaux de cornières métalliques.
Les voutes en PVC sont également recouvertes de parement de pierres.
Les pierres d'angle de la voute sont représentées aussi par du papier découpé avec le compas de découpe. Les deux bandes de papiers sont collées jointives et le raccord est amélioré à l'aide d'un mastic à l'eau.
À présent un instant décisif : je démonte la plate-forme de voie provisoire et je place le viaduc en position afin de tout vérifier. Cette opération s'effectue avant la fixation du pont métallique car il faut laisser le passage de la voie inférieure.
Après avoir introduit le vidauc en oblique, je le relève pour qu'il vienne encadrer la voie inférieure. Il ne reste plus ensuite qu'à le faire pivoter pour l'amener en alignement des rails. Là gros problème ! Le gabarit n'est pas respecté ! La voie inférieure en oblique n'a pas assez d'espace pour passer entre les deux piles. Il manque très peu. Je savais que les mesures étaient serrées et l'accumulation des incertitudes de mesures en chaque étape conduise à ce constat : si le viaduc est bien alignée avec la voie en courbe qu'il va supporter, eh bien ! la voie passant en dessous ne peut plus faire circuler des véhicules un peu large. Il ne manque que 2 mm environ.
La solution : je décole la moitié du viaduc de sa base pour la replacer un peu différemment de manière à donner les millimètres qui manquent
Nouvelle présentation et cette fois-ci, ouf ! tout va bien ! Les quelques millimètre ajoutés entre les piles centrales n'empêchent pas d'installer le pont métallique. C'est sûr qu'un écart plus grand aurait posé un grave problème à ce niveau. Afin de réaliser les différents assemblages, il me fallait coller tous les éléments sur la planche de base. Mon seul regret est d'avoir un peu trop bien coller les piles et culées de la moitié droite au niveau du support car j'ai un peu redouter d'abîmer la construction lors du décollage en passant une lame longue et fine.
Ce genre de construction est assez complexe au niveau des cotes. La plupart d'entre-elles sont critiques et la courbure ne simplifie pas les choses.

Après ces émotions, la construction peu reprendre. Les bordures en pierre de taille sont réalisées au cutter dans du Dépron de 3 mm. Un côté est assez simple tandis que l'autre comporte des refuges pour les cheminots lorsqu'ils traversent à pied le viaduc.
Le découpage des bandes bisautées est réalisé en maintenant un règlet métallique sur le Dépron à l'aide de mini serre-joints. La lame est guidée et je lui ai donné au jugé une inclinaison de 45° pour faire le biseau.
Il faut réaliser la découpe de nombreuses pièces identiques pour les consoles de soutien des refuges en encorbellement. Au lieu de prendre la mesure de chaque pièce, c'est bien plus rapide d'utiliser une pièce déjà faites servant de modèles. Pas de traçage ni de mesure à prendre. Attention de toujours garder la même pièce comme modèle afin de pas propager les petites différences de coupe.
Pour réaliser des bandes de même largeur j'utilise une technique similaire. La bande modèle, obtenue après mesure soignée, me sert à placer le réglet de coupe. La bande a été positionnée avec soin au bord de la plaque en mettant les deux en buttée contre une même pièce rectiligne. Ensuite, en tenant fermement la bande de Dépron, on place en contact le réglet. Il ne reste plus qu'à retirer la bande à couper. Ces opérations sont rapide et très précises de façon naturelle. Il faut seulement faire attention de ne pas faire glisser un élément lors de l'une des opérations.
Assez rapidement j'ai découpé une quarantaine de corbeaux.
Les consoles sont collées sous les refuges.
Nouvelle vérification. Tout va bien ! Je décide que la voie sera directement posée avec ses traverses sur le pont métallique, sans ballast dans cette zone. Le pont métallique va donc reposer sur une maçonnerie qui amène son tablier juste au même niveau que le liège du ballast sur la partie en maçonnerie. Une photo que j'ai utilisée dans un article précédent montre qu'une telle fixation de la voie est utilisée dans la réalité.
Le viaduc est en pierres calcaires. La peinture de l'ensemble du viaduc est réalisée avec une teinte blanche cassée d'une pointe de noir et avec une touche de jaune.
Un jus noirâtre avec peu de peinture et beaucoup d'eau vient d'être appliqué afin de salir et faire ressortir les joints et autres creux.
Une pâtine est appliquée avec un pinceau fin pour représenter les salissures causées par la pluie. J'utilise une peinture un peu diluée avec une teinte vert pâle (mélange de gris clair et de vert)
Préparation des rambardes. Une couche de peinture d'accrochage est passée à l'aérographe. Il ne faut pas hésiter à bien la diluer (environ 1 dose de peinture pour 4 de solvant) sous peine de boucher la buse de l'aérographe.
Une fois la primaire d'accrochage bien sèche j'ai peint les rambardes en vert moyen, toujours à l'aérographe afin de préserver la fine gravure de ces barrières Pimprez Decapod.
Une nouvelle présentation du viaduc sur le réseau est réalisée sans rien fixer.
Cette présentation me permet de vérifier que le gabarit est bien respecté car ce point est sensible. Il n'y a pas beaucoup de marges, aussi bien au niveau du pont en treillis métallique qu'en dessous pour le passage entre les deux piles. Je vérifie aussi que le réglage en hauteur est possible afin de respecter la pente de la voie.
Le viaduc est revenu à l'atelier afin de poser les rambardes. Elles sont enfichées directement dans le Dépron représentant les pierres, avec une goutte de colle à chaque pied pour tenir en place. Attention d'utiliser une colle qui n'attaque pas le Dépron  (Colle sans solvant). Le ballastage sera réalisé plus tard lors de la réalisation du décor jouxtant le viaduc.
Le viaduc est à nouveau en place. Il y aura bien sûr du travail de décor autour de lui pour réaliser le terrain avec les pentes qui vont recouvrir une partie des piles.
Quelques images avec des passages de trains pour vérifier le gabarit avant de fixer le viaduc et les rails et aussi pour le plaisir des yeux.

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